Entre beaux arts et architecture d’intérieur, mon parcours s’est esquissé entre les disciplines, au gré d’inspirations puisées dans ma terre natale, la Castille, et dans les illustres exemples de l’artisanat populaire qui m’ont bercée. Aussi fragile qu’il est intemporel, l’art populaire est partout dans ma mémoire, ma sensibilité et mon identité. Il est dans les maisons de mon enfance, dans les rues du village de mes grands parents, dans ce que je suis, dans ce que j’aspire être. Je suis une partie de lui, et en suis une spectatrice passionnée, j’essaye aujourd’hui de lui rendre, aussi, un hommage sincère.

J’aime utiliser les techniques pour jouer avec la matière autant qu’avec l’objet. Passer du sujet au support, et l’inverse. C’est ce mélange, cet alliage, qui inspire mon désir de créer. Révéler la beauté de l’ordinaire, s’attarder sur l’essence d’objets souvent vus mais rarement regardés. Ce qui m’importe, c'est la rencontre. Entre la contemplation et l’altération, l’objet et la technique, l’oeuvre finale et son processus.

Une céramique posée sur une table rustique. Cette simple scène est déjà un morceau d’histoire, et une oeuvre en soi. Sous la main la pièce se révèle, se dévoile avec pudeur. On entrevoit ses fêlures, on devine ses accrocs, mais ils ne font plus qu’un avec le support sur lequel elle est immortalisée.

Marquée à jamais par le travail sur l’objet du quotidien, j’essaye de penser mes créations comme une œuvre complète, totale. De la sélection du sujet à celle du support, de la mise en scène à la photographie finale, le processus devient l’œuvre, dans une langoureuse mise en abyme.

A.